Les Québécois habitent le sous-sol depuis des décennies. Avant le mouvement migratoire vers les banlieues autour des années 1950-1960, les sous-sols étaient peu aménagés. Ces espaces étaient généralement dédiés aux éléments techniques et à l’entreposage. Au fil des ans, les espaces se sont raffinés. Ils sont devenus cinéma maison, salle familiale, chambre, etc.
La récurrence des inondations ces dernières années cause d’importants coûts financiers, sociaux et environnementaux. La conception architecturale des sous-sols doit-elle devenir plus résiliente ? Devons-nous construire différemment ? Quels sont les éléments qui déterminent la résilience ? Le rapport Cohabiter avec l'eau d'Architecture sans frontières Québec propose la définition suivante : la capacité de résilience d’un bâtiment peut être évaluée à partir de ses aptitudes à résister à un aléa, à minimiser ou atténuer les impacts de l’aléa et à se rétablir ou se réparer facilement.

Source : La Conversation
Les normes d’aménagement prennent plus ou moins en compte l’adaptation aux conditions climatiques. Devraient-elles être revues afin d’obtenir des habitations plus résilientes ? Et la question se pose, de quelle façon ? Le rapport L’eau monte : protéger les maisons contre la menace croissante d’inondations au Canada du Centre d’adaptation aux changements climatiques énumère des éléments à prendre en compte, tels le vieillissement des infrastructures, les précipitations intenses, une urbanisation accrue, et l’absence par les ménages de mesures de protection contre les inondations. Tous ces éléments peuvent représenter des menaces contre les bâtiments bâtis sans adaptabilité climatique.
Évaluation de l’historique de la résidence
Selon Emmanuel Cosgrove, « il est important d’établir l’historique de la résidence et ses réactions lors des accumulations d’eau, la fonte des neiges, etc. » Y a-t-il des traces d’infiltrations d’eau, le puisard fonctionne-t-il correctement, la fondation a-t-elle des fissures, etc. Une fois cet historique complété, les résidents auront une bonne idée des mesures à mettre en place. Par la suite, M. Cosgrove suggère d’établir un plan d’urgence en cas d’incident.
Plan d’urgence
Un tel plan d’urgence devrait comporter ces éléments :
- Réparation des fissures autour des portes et fenêtres
- Installation de clapets antiretour et de pompes munies de batteries de secours
- Prévoir l’évacuation de l’eau reliée directement à l’extérieur et non au réseau municipal
- Favoriser l’aménagement paysager pour favoriser l’écoulement de l’eau loin des fondations, telles l’implantation de jardin pluvial et les rallonges de gouttières
- Vérifier, nettoyer et tester les éléments techniques régulièrement pour optimiser leurs fonctionnements
- Enlever les obstacles aux drains de planchers pour permettre un écoulement optimal de l’eau
- Entreposer les objets de valeur en hauteur ou au rez-de-chaussée pour éviter les pertes coûteuses ou sentimentales
- Installation de barrières anti-inondation amovibles pour les portes et fenêtres des sous-sols
Source : Trois étapes pour une protection économique des sous-sols contre les inondations du Home Flood protection program.

Source : Wikipédia
Aménagement du sous-sol
Lors de la conception et du choix des matériaux, certains réflexes devront changer pour obtenir de meilleurs résultats. Marco Lasalle, directeur du service technique de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec, propose de sélectionner des matériaux résilients et le moins organique possible.
Voici quelques-unes de ses recommandations :
- Privilégier des montants de charpente en acier plutôt qu’en bois. Dans le cas de montant de bois, installer correctement du polyéthylène ou choisir des éléments munis d’une lisse ventilée
- Installation du gypse sur le mur à 4 pouces du bas du sol et panneau de fibrociment pour la partie inférieure, tout en laissant un espace ¼ de pouce pour la capillarité. Puis camoufler la jonction avec une plinthe d’une hauteur minimale de 5 pouces
- Utilisation de revêtements de sol résistants à l’eau comme l’époxy et le carrelage, installés directement sur le plancher de béton, sans faux plancher
- Marches en bois véritable pour les trois premières en remplacement à celles composées d’aggloméré
- Envisager une isolation de la fondation par l’extérieur, la masse thermique augmentera en résilience
- Privilégier une source de chauffage installée directement dans la dalle pour profiter de la masse thermique du béton. En cas de panne de courant, la dalle restera chaude plus longtemps qu’un chauffage par plinthe électrique
- Opter pour des portes et fenêtres résistantes à l’eau.
Les éléments proposés augmenteront nécessairement le coût des rénovations d’un sous-sol. Mais l’investissement en vaut le coût. Si non préparé, le coût d’un sinistre risque d’être plus élevé. Et il est fort possible que le montant accordé par l’assurance ne couvre pas la totalité de la facture de la reconstruction. Ajoutons le risque de ne plus être en mesure de s’assurer à un coût raisonnable par la suite. Selon le Bureau d'assurance du Canada, la fréquence des catastrophes naturelles et leur coût n’ont cessé d’augmenter au cours des 30 dernières années.

Source : Société d'habitation du Québec
Pour contrer les effets négatifs des changements climatiques, Architecture sans frontières Québec propose de contrer les effets négatifs des changements climatiques par communication entre toutes les parties prenantes sur les éléments suivants :
- Mise en œuvre de lignes directrices sur la construction résiliente aux inondations
- Financement du changement
- Nouvelles manières d’évaluer et de communiquer le risque
- Nouvelles manières de cohabiter avec l’eau.
Pour l’instant, la solution la moins coûteuse consiste probablement à réévaluer nos réflexes d’utilisation des pièces au sous-sol. Dans les années à venir, il serait important de repenser nos méthodes de constructions et envisager la construction sans sous-sols. Les divers intervenants, tels que les assureurs et les municipalités impactées par les coûts des inondations, seront sûrement les premiers à étudier cette option.

Trois stratégies d’adaptation des bâtiments aux inondations – Source : Architecture sans frontières Québec.
Quelques outils pratiques à consulter :
Cohabiter avec l’eau, Architecture sans frontières Québec.
Quoi faire pour votre maison à la suite d’une inondation, Société d’habitation du Québec ?
Les coûts des changements climatiques : une série de cinq rapports, Institut climatique du Canada.