Carbone intrinsèque
Les concepteurs disposent de deux leviers pour réduire le carbone intrinsèque d’un bâtiment : la quantité et la nature des matériaux. La quantité de matériaux dépend de la géométrie du bâtiment. Notamment, pour une même surface au sol, un bâtiment carré a une longueur de mur, et donc d’enveloppe, plus petite qu’un bâtiment rectangulaire. Le calcul est simple ; pour un bâtiment carré de 100 m², donc de 10 m de côté, la longueur de mur est de 40 m (4 x 10 m), alors qu’elle est de 48 m pour un bâtiment rectangulaire de 4 m sur 20 m (2 x 4 + 2 x 20 m). Si les 100 m² sont répartis sur deux étages au lieu d’un seul, la surface au sol n’est plus que de 50 m², ce qui réduit les fondations, et donc l’empreinte carbone du béton utilisé pour le bâtiment. Les porte-à-faux, qui exigent des renforts structuraux, tendront aussi à augmenter la quantité de matériaux.
Côté nature, les matériaux biosourcés requièrent généralement moins d’énergie pour leur fabrication que les matériaux pétrosourcés, le béton ou l’acier, et sont donc à privilégier pour réduire le carbone intrinsèque. La déclaration environnementale de produit (DEP) peut fournir un indice de l’empreinte carbone d’un matériau, mais un matériau n’est rien sans le système dans lequel il est installé. Par exemple, un isolant peut avoir une empreinte carbone intrinsèque avantageuse, mais une résistance thermique qui requiert de construire des murs plus épais, ce qui se répercute sur la quantité de matériaux de structure. C’est donc plutôt à l’échelle du bâtiment qu’il faut réaliser l’analyse du cycle de vie. Par ailleurs, certains choix n’ont pas besoin d’être appuyés par une DEP. « Je n’ai pas besoin d’une DEP pour savoir que d’un point de vue environnemental, une structure en bois est plus efficace qu’une structure en béton », remarque Stephan Langevin, architecte associé chez STGM.