Cette controverse entourant l’avenir des terrains de golf au sein de la CMM a attiré l’attention des médias, mais aussi celle des acteurs engagés pour la protection des milieux naturels ainsi que des professeurs et chercheurs universitaires qui s’intéressent à la question. Elle soulève plus largement la question de la protection des espaces naturels (pas uniquement les golfs) dans les milieux urbains. Dans les zones urbaines, la pression est actuellement très forte pour transformer tout ce qui reste de terrains disponibles en logements (incluant les golfs), peu importe la contribution que pourraient avoir ces terrains sur l’accessibilité aux espaces naturels pour les communautés locales. Plusieurs experts soutiennent d’ailleurs que ces espaces résiduels sont parfois les derniers remparts pour garantir le maintien de la biodiversité et de ses bénéfices dans les milieux urbanisés. Les municipalités qui souhaitent intervenir pour protéger ces espaces se butent souvent à des enjeux légaux et à une escalade de coûts. Quelles sont les solutions qui s’offrent à elles pour éviter les conflits devant les tribunaux ? Quels sont les écueils dans la mise en place de ces solutions ? Et comment les surmonter ?
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Pour répondre à ces questions, l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal et le magazine FORMES ont réuni des experts des milieux universitaire, institutionnel et communautaire pour une journée de réflexion le 25 octobre dernier au pavillon de la Faculté de l’aménagement. Le but de ce colloque était de mettre en commun les connaissances et d’offrir une lecture commune et éclairée de la situation. Une douzaine de conférenciers ont été invités à présenter leur point de vue sur divers aspects du problème. Les conférences ont été divisées en quatre panels. Le premier servait à dresser l’état de la situation. Il réunissait Gérard Beaudet, professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage et expert de l’histoire de l’urbanisme ; Jérôme Dupras, professeur à l’Université du Québec en Outaouais et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique ; et Massimo Iezzoni, directeur général de la CMM.
Le second panel avait comme objectif de présenter les arguments soutenant la conservation et la préservation des milieux naturels dans les espaces urbains. Les impacts positifs de la nature sur la santé ont été présentés par Claudel Pétrin-Desrosiers, médecin de famille au GMF du CLSC de Hochelaga-Maisonneuve et responsable de santé planétaire pour le Département de médecine familiale et de médecine d’urgence de l’Université de Montréal. Les arguments sur les bénéfices liés au maintien des écosystèmes ont été présentés par Isabelle Bérubé, responsable du Fonds des municipalités pour la biodiversité de la Société pour la nature et les parcs du Canada (section Québec). Quant aux bénéfices en matière d’adaptation aux changements climatiques, ils ont été présentés par Ursule Boyer-Villemaire, cheffe de l’équipe d’analyse socioéconomique en adaptation aux changements climatiques chez Ouranos et professeure associée à l’UQAM.
Le troisième panel donnait la parole aux acteurs engagés dans des processus de protection des espaces naturels. Il réunissait des élus municipaux comme Guillaume Tremblay, maire de Mascouche, préfet de la MRC Les Moulins, membre du conseil d’administration et président de la Commission de l’habitation et de la cohésion sociale de la CMM, ainsi que Pierre Renaud, avocat en droit de l’environnement chez McCarthy Tétrault et maire du Canton de Lochaber-Partie-Ouest en Outaouais. Ce panel a aussi permis de donner la parole à des acteurs militants comme Catherine Vallée, fondatrice de la Coalition Terrains de golf en transition, et Yves Deshaies, urbaniste-conseil chez Groupe Accord.
Le denier panel portait sur les leviers. Il réunissait des experts qui travaillent à la mise en œuvre de solutions pour améliorer la protection des espaces naturels. Marc-André LeChasseur, avocat en droit municipal chez Bélanger Sauvé et professeur adjoint à l’Université McGill, a présenté les limites et les potentiels des outils juridiques pour protéger des espaces naturels situés sur des propriétés privées. Louise-Hélène Lefebvre, directrice du Service des grands parcs, du Mont-Royal et des sports de la Ville de Montréal, a ensuite présenté les défis de conservation des milieux naturels lorsqu’ils sont très fréquentés. Quant à Malin Anagrius, directrice générale de la Société de verdissement du Montréal métropolitain (Soverdi) et représentante de l’Alliance forêt urbaine, elle a présenté les solutions de verdissement des espaces urbains qui sont mis en œuvre par son entreprise.
En tout, l’événement aura réuni près de 130 participants : intellectuels, professeurs et étudiants universitaires, fonctionnaires et responsables municipaux, représentants d’organismes de protection des espaces naturels et des militants. Ce mélange de genre est relativement original au sein des murs de l’Université où les événements revêtent généralement un caractère plus formel, fondé sur les échanges scientifiques. Plusieurs participants ont affirmé être en recherche de solutions. Bien que l’objectif d’une meilleure protection des espaces naturels en milieu urbain ait semblé faire consensus, les moyens pour y arriver ont suscité des discussions plus animées.
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