Dans le rétroviseur avec Alexander Reford
En 1999, Alexander Reford, Philippe Poullaouec-Gonidec, Marie-Josée Lacroix et Denis Lemieux jettent sur papier les bases de la première édition du Festival international de jardins.
Vingt-cinq ans plus tard, si le contexte a changé, les règles demeurent sensiblement les mêmes. Entretien avec un visionnaire passionné.
Au-delà d’être l’arrière-petit-fils d’Elsie Reford, créatrice des Jardins de Métis en 1926, qui est Alexander Reford ?
Alexander Reford, directeur des Jardins de Métis et du Festival international de jardins devant la résidence des stagiaires. – Photo : Ali Inay
Je suis un amoureux de la nature, très attaché au Bas-Saint-Laurent. Je suis sensible à la beauté des choses, celle d’un objet comme celle d’un paysage. Mais par-dessus tout, j’aime les rencontres qui interpellent et invitent à sortir du cadre. Je suis aussi historien de formation et un ardent militant pour la conservation de la rivière Mitis.
Comment est venue l’idée de départ de créer un Festival sur le site des jardins d’Elsie ?
Je rêvais de créer un écosystème de collaborations qui permettrait d’explorer tout le potentiel créatif du lieu et de mailler les jardins historiques aux contemporains en faisant vivre un autre type d’expérience au visiteur. L’étincelle de départ est venue lors d’une visite au Festival international des jardins du Domaine de Chaumont-sur-Loire en 1998. Tout est parti de là.
Qu’est-ce qui a changé en 25 ans ?
Au départ, la plupart des répondants à l’appel de projets international étaient des architectes et des architectes paysagistes seniors. Nous comptons aujourd’hui beaucoup plus de créateurs provenant de diverses disciplines comme la scénographie, le design de l’environnement, les arts visuels et même la musique. Parmi eux figurent plus de femmes et plus de jeunes qu’avant.
Si la pluralité s’est imposée, le propos aussi a changé. Si les concepts étaient au départ plus politically incorrect, osés, voire provocants, le propos est aujourd’hui plus libéral et transversal. Le thème Playsage de la 18e édition était, par exemple, une façon éloquente de démontrer que l’art du jardin peut aussi être ludique. Qu’on pense au Dernier petit cochon de APPAREIL architecture, au labyrinthe de Bill Vazan – chef de file du land art au Québec – ou au Rocher très percé de l’architecte paysagiste Vincent Lemay et Humà Design, le visiteur est souvent invité à intervenir, grimper ou escalader l’œuvre de façon amusante.
Le Dernier petit cochon de APPAREIL architecture. – Photo : Martin Bond
Avec le temps, on constate de moins en moins de controverse politique dans le discours des jardins. Ce qui ne veut pas dire qu’ils soient moins audacieux pour autant. Plus que jamais, le jardin actuel a une portée sociale et environnementale.
Avec le temps, on constate de moins en moins de controverse politique dans le discours des jardins. Ce qui ne veut pas dire qu’ils soient moins audacieux pour autant. Plus que jamais, le jardin actuel a une portée sociale et environnementale.
Rocher très percé de l’architecte paysagiste Vincent Lemay et Humà Design. – Photo : Jean-Christophe Lemay
« Certains projets combinent plusieurs disciplines, et la variété des matériaux mis à contribution frappe l’imaginaire : on a déjà vu une installation composée de milliers de livres sur lesquels poussaient des champignons alors qu’une autre explorait le potentiel électrique de la pomme de terre ! » – THIBAULT,Pierre et Catherine PERRIN. Habiter en beauté ces lieux qui nous font du bien, Éditions La Presse, 2016, 272 p.
Quel lien entretenez-vous avec la relève ?
La moyenne d’âge des cohortes est de plus en plus jeune. Ils sont d’ailleurs plusieurs à avoir profité de la plateforme du Festival pour lancer leur carrière ; certains ont ouvert des bureaux professionnels et beaucoup se sont démarqués par la suite à l’échelle internationale, notamment à la Biennale de Venise comme c’est le cas du collectif BGL, du designer Adrian Blackwell – un chef de file en matière d’architecture sociale –, et de Pierre Bélanger, architecte paysagiste.
Depuis plusieurs années, nous offrons le programme Atelier d’été avec l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal. Nous accueillons donc de nombreux étudiants au bac et en maîtrise, que ce soit en paysage ou en urbanisme, qui auront entre 7 et 10 jours pour découvrir la région et réaliser in situ un jardin ou autre installation. À cela se sont ajoutés des programmes pour rejoindre les étudiants en aménagement du territoire et en urbanisme des universités McGill et UQAM. Le Festival héberge également chaque année des stagiaires étudiants qui apprendront sur le terrain la définition du mot chantier.
Atelier d’été de l’Université de Montréal. – Photo : Renée Chamberland
Comment le Festival arrive-t-il à se renouveler ?
Au fil des ans, nos regards théoriques sur divers enjeux se sont transformés, notre vocabulaire critique s’est diversifié et nous ressentons plus que jamais l’urgence d’agir face à l’accélération des changements climatiques et l’affaiblissement de la biodiversité. La technologie a également fait son apparition. Les thèmes abordés sont souvent ponctués d’expériences sonores, d’anamorphoses et de jeux. Ça donne des jardins à la fois esthétiques et évolutifs, souvent ludiques, mais qui toujours invitent à la réflexion.
L’installation de Floating Forest, une réalisation de NIPPAYSAGE, lors du Chelsea Fringe Festival de Londres en 2012. Photo : Michel Langevin
Les installations extra-muros sont aussi d’une importance capitale pour maximiser le rayonnement de Métis au-delà des frontières. Des installations comme celle de Floating Forest réalisée par NIPPAYSAGE lors du Chelsea Fringe Festival de Londres en 2012 ont eu des retombées spectaculaires tant sur le plan médiatique que politique. Avec ses 450 tranches d’arbres flottantes créant une forêt mystérieuse sur le canal Grand Union, l’œuvre avait été choisie comme site d’ouverture de ce festival.
Quels concepteurs ont laissé leur empreinte au Festival ?
Il y a bien sûr l’architecte paysagiste montréalais Claude Cormier, de CCxA, qui, en 2000, réalisa le célèbre Jardin de bâtons bleus qui fut ensuite exporté extra-muros à Toronto, au Royaume-Uni et à l’International Flora de Montréal. Claude est demeuré par la suite un fidèle complice du Festival.
Le Jardin de bâtons bleus de Claude Cormier (CCxA). – Photo : Louise Tanguay
Je pense aussi à Ken Smith, un des leaders de la nouvelle génération d’architectes paysagistes.À Métis, l’installation de l’artiste – qui a créé le jardin en toiture du MoMA de New York – est loin d’être passée inaperçue. Présentant une façon de voir le fleuve autrement, A Ditch with a View est demeuré dans nos jardins de 2011 à 2016.
A Ditch with a View de l’architecte paysagiste Ken Smith. Photo : Robert Baronet
Nos collaborations avec l’architecte paysagiste Rosetta S. Elkin sont toujours d’actualité. Son œuvre réalisée à Métis en 2014 – Tiny Taxonomy – a voyagé ensuite au Chelsea Fringe Festival de Londres et au Isabella Stewart Gardner Museum de Boston. Rosetta a documenté sa démarche et publié un catalogue par la suite.
Tiny Taxonomy de l’architecte paysagiste Rosetta S. Elkin. – Photo : Louise Tanguay
Quelles collaborations traversent le temps ?
Avec vlan paysages, nous formons presque un vieux couple. En collaboration avec in situ atelier d’architecture, la firme a conçu le plan d’aménagement paysager du site des Jardins et du Festival et contribue depuis, chaque année, à leur mise en valeur.
L’architecte Pierre Thibault fait également partie des collaborateurs de la première heure avec la réalisation d’un premier jardin en 2001. C’est à lui que l’on doit La Véranda, en 2021, – un espace scénique où les artistes de la compagnie de danse contemporaine Le Carré des Lombes s’approprient la structure de bois en l’intégrant à leur performance – ainsi que la Résidence des stagiaires et, tout récemment, le Grand Hall, un laboratoire d’innovation en horticulture, en design et en architecture de calibre international, ouvert à l’année.
La Véranda de l’architecte Pierre Thibault. – Photo Jean-François Brulé
L’agence montréalaise Principal nous accompagne depuis de nombreuses années dans le développement de notre identité. Grâce à celle-ci, plusieurs des affiches du Festival ont remporté de nombreux prix à l’international.
« On me dit souvent qu’il est rare d’établir des liens professionnels sur deux décennies. Les relations fructueuses qui nourrissent ainsi l’un et l’autre, c’est important pour moi. » –Alexander Reford
Quel est encore aujourd’hui votre plus grand défi ?
Les coûts liés aux opérations ne cessent de croître. Bien que le Festival bénéficie de certaines subventions de l’État, il faut être de plus en plus créatifs dans nos campagnes de financement comme dans la diversification de nos sources de revenus. Le Festival peut aussi compter sur de précieux donateurs – comme Ariane Riou dont la maison est aujourd’hui devenue résidence d’artistes, la Maison d’Ariane.
À quoi s’attendre pour la 25e édition ?
Dès le week-end d’ouverture – les 21, 22, 23 juin – le Festivalrecevra des conférenciers de prestige, dont Chantal Colleu-Dumond, directrice du Domaine de Chaumont-sur-Loire et du Festival international des Jardins de Chaumont-sur-Loire. Plusieurs tables rondes ouvertes au public viendront enrichir la discussion sur la vision du jardin de demain.
Nous profiterons également du 25e pour rendre hommage à l’architecte paysagiste Claude Cormier en collaborant avec CCxA en créant in situ une œuvre évolutive, inspirée de ses immortels Bâtons bleus. À surveiller aussi, la présence exceptionnelle à Métis du Festival international des jardins du Domaine de Chaumont-sur-Loire qui, pour la première fois, réalisera un jardin en Amérique du Nord. L’entente est bilatérale, ce qui veut dire que notre Festival créera aussi un jardin au Domaine de Chaumont-sur-Loire. Ce jumelage inédit entre Chaumont et Métis est aussi une belle façon de nous rappeler où tout a commencé.
Quelle est votre vision du Festival dans 10 ans ?
En 1999, j’avais en tête de créer un évènement qui allait s’échelonner sur 5 ans. Nous soufflons cette année 25 bougies et avons toujours la ferme intention de perdurer dans le temps. Pour cela, nous cultivons jour après jour le désir de préserver la biodiversité et d’éduquer sur les enjeux de demain. Le Festival international de jardins de Métis invite à l’ouverture, à la curiosité, mais surtout à l’accueil, l’éducation et l’inclusion de grands pans générationnels de notre société. Et ça, c’est là pour rester.
Écologie des possibles
Le jardin de demain sera-t-il solidaire ?
Photo : Jean-Christophe Lemay
Pour Ève De Garie-Lamanque, le jardin de demain aura résolument une portée sociale. « Pour moi, une œuvre d’art, une installation ou un jardin doit aller au-delà de l’esthétique pure. Il doit d’abord être porteur de sens », résume la directrice artistique du Festival international de jardins de Métis.
On le voit déjà dans le propos qu’abordent les concepteurs depuis plusieurs années. « Les enjeux écologiques y sont de plus en plus présents. On est aussi plus près de l’actualité, que ce soit la crise du logement ou la dématérialisation de nos environnements. »
Le 25e anniversaire du Festival est l’occasion rêvée de se questionner sur le jardin de demain. « Avant de se propulser vers l’avenir, on doit revenir à nos racines. Il nous faut donc analyser nos pratiques, réévaluer nos besoins, visualiser le bigger picture et tenter de déterminer où on se situe dans tout ça, sans oublier qui on est et d’où on vient. Au Festival, on a envie de pousser plus loin les réflexions sur la valorisation du paysage, mais aussi sur le patrimoine culturel. Trop de savoir-faire tombent en désuétude. »
« Au-delà de l’esthétique, le jardin de demain aura une portée sociale. Pour moi, un jardin, une installation ou une œuvre d’art doit d’abord être porteur de sens. » –Ève De Garie-Lamanque
Monter au front pour la pérennité
Notre économie s’est transformée, et avec elle, notre relation au territoire. « Les préoccupations écologiques mises de l’avant aujourd’hui sont au cœur de la raison d’être du Festival depuis ses débuts, qu’il s’agisse de la récupération de l’eau de pluie ou de matériaux. »
Aujourd’hui plus que jamais, le Festival apprécie la diversité des voix de concepteurs qui arrivent avec leur vision et leur façon sensible de s’exprimer sur des sujets comme la gestion des forêts, les plantes génétiquement modifiées ou les populations de pollinisateurs en perte de vitesse.
Le Festival milite aussi dans sa communauté, contribuant au partage de l’information comme au renforcement du tissu social. « Nous accordons une attention particulière à la protection des écosystèmes. Pour nous, vulgariser l’information scientifique, la rendre digeste et accessible dans notre milieu est une priorité », mentionne la directrice qui est aussi experte régionale au ministère de la Culture et des Communications pour la région du Bas-Saint-Laurent/Gaspésie/Îles-de-la-Madeleine en intégration des arts à l’architecture et à l’environnement. « Ici, l’enjeu de l’érosion des berges, par exemple, en est un de taille. On se fait donc un devoir non seulement de faire savoir que l’élyme des sables figure parmi les meilleures plantes indigènes pour stabiliser les rivages du Québec maritime, mais on orchestre également la vente de plants à une fraction du prix du marché par notre pépinière du littoral. »
Le jardin du 25e
Sous le thème Écologie des possibles, le Festival international de jardins 2024 a invité concepteurs et conceptrices à imaginer l’avenir du jardin. Au total, 216 propositions en provenance de 30 pays ont été soumises. Quatre projets ont été retenus par le jury : Couleur Nature de Vanderveken Architecte – Future Drifts de de Julia Lines Wilson – Rue Liereman / Organ Man Street du collectif Pioniersplanters – Superstrata du collectif mat-on.
Couleur Nature de Vanderveken Architecte (Architecture + Paysage) | Québec juxtapose deux visions du jardin pour mieux démontrer l’absurdité de maintenir la monoculture du gazon – la plus importante monoculture en Amérique du Nord – alors qu’elle contribue au déclin graduel de la biodiversité.
Future Drifts de Julia Lines Wilson | États-Unis d’Amériquepuise sa réflexion dans le plan d’action Saint-Laurent Vision 2000 qui identifiait, il y a aujourd’hui 25 ans, l’aster d’Anticosti comme une espèce floristique à protéger en priorité.
Rue Liereman / Organ Man Streetdu collectif Pioniersplanters | Belgique se penche sur le potentiel des jardins domestiques qui, entretenus de manière naturelle, pourraient significativement contribuer à diminuer les impacts des changements climatiques et freiner l’appauvrissement de la biodiversité.
Superstrata du collectif mat-on | Italie investigue la dualité humain/nature : si nous ressentons, en tant qu’humains, le besoin d’imposer un ordre artificiel au vivant, la nature, elle, défie toute notion de structure ou de limite.
Au-delà de ces nouveautés, le Festival a confié à Jérôme Lapierre Architecte le mandat de concevoir le nouveau pavillon d’accueil du Festival.
Pavillon d’accueil – Jérôme Lapierre Architecte
Une première en Amérique du Nord
Domaine de Chaumont-sur-Loire à Métis
La 25e édition du Festival international de jardins de Métissera soulignée de façon magistrale par un partenariat sans précédent. Créé par l’architecte paysagiste Bernard Chapuis et l’architecte scénographe Georges Vafias du Festival international de jardins du Domaine de Chaumont-sur-Loire, le jardin Bruissement d’ailes invite à restaurer notre relation à la nature et à poursuivre la réflexion sur la gestion de l’eau.
Bruissement d’ailes propose une pause à l’ombre de trois voiles ouvragées, telles des ailes tendues au-dessus d’un bassin de nénuphars. Non seulement ses voiles triangulaires filtrent les rayons ultraviolets, mais elles demeurent étanches, ce qui permet la récupération de l’eau de pluie ainsi que la condensation de l’humidité contenue dans les brouillards. Parée de bambous côté soleil, de fleurs et de bruyère côté ombre, la parcelle suggère quelques pistes pour participer à une meilleure gestion de l’eau dans un souci de faible coût, de moindre impact écologique et de réalisation simple.
Esquisse de l’œuvre Bruissement d’ailes, une création de l’architecte paysagiste Bernard Chapuis et de l’architecte scénographe Georges Vafias du Festival international de jardins du Domaine de Chaumont-sur-Loire.
« Le jardin d’aujourd’hui se doit d’être un lieu de réflexion, d’expérimentation et d’innovation sans pour autant oublier d’offrir aux visiteurs une pause paisible et poétique. » – Bernard Chapuis, Domaine de Chaumont-sur-Loire
Métis extra-muros – Direction Chaumont-sur-Loire
Le Festival international de jardins de Métis créera aussi un jardin au Domaine de Chaumont-sur-Loire. C’est aux architectes paysagistes Luu-Thuy Nguyen de LN Paysage et Émilie Tanguay-Pelchat de Champ libre| Studio créatif, qu’on a confié la création de l’œuvre-signature de Métis qu’on peut voir au 33e Festival international de jardins du Domaine de Chaumont-sur-Loire, en France.
FolkFlore des architectes paysagistes Luu-Thuy Nguyen de LN Paysage et d'Émilie Tanguay-Pelchat de Champ libre | Studio créatif – Photo : Eric Sander.
Œuvre inédite, FolkFlore se situe dans le contexte actuel de l’ère numérique, de la mondialisation et du rythme effréné auquel se succèdent les technologies, soit autant d’éléments bouleversant profondément notre rapport au temps, à la matérialité et à l’autre. FolkFlore incarne notre vision d’un avenir écologiquement, économiquement et culturellement responsable. Ce jardin se veut rassembleur et distinct au niveau identitaire, valorisant une partie de notre patrimoine vivant, le tissage aux doigts du fléché.
« FolkFlore propose une réflexion profonde sur le jardin en tant que construction culturelle. » – Luu-Thuy Nguyen
En apparence statique, le jardin s’active au gré des déplacements du visiteur et du soleil créant des jeux d’ombres et des lignes verticales colorées qui enrichissent l’expérience du jardin en évoquant l’entrecroisement des fils. Jour après jour, une ceinture fléchée immatérielle se tisse et se retisse.
Le Festival vu par…
Photo : Benoit Rousseau
Sophie Beaudoin, architecte paysagiste, coprésidente – CCxA
« J’ai mis les pieds à Métis pour la première fois en 2000 pour l’inauguration du Jardin de bâtons bleus de Claude Cormier. Donner une telle plateforme aux jardins contemporains a été marquant dans ma perception de ce que pouvait être l’architecture de paysage sous toutes ses formes. L’année suivante, avec mes collègues de l’époque, j’ai moi-même participé à cette aventure en créant Sous la pelouse, le jardin.
Pour les professions de l’espace – qu’on soit horticulteur, architecte, artiste visuel ou architecte paysagiste, Métis est un lieu qui crée des dialogues entre nous. Chaque jardin y place notre corps et notre intellect dans une position d’attention particulière qui nous amène à réfléchir à des sujets profonds comme l’environnement, notre place dans la société, notre relation avec la nature et l’art. Tout ça de façon souvent très ludique.
Je salue le développement du Festival et sa technique des petits pas où chaque geste est réfléchi, toujours en lien avec les valeurs et la mission du site. Je lui souhaite un futur à la hauteur de ses ambitions. »
Photo : Maxyme Gagné
Étienne Bernier, architecte – Agence Spatiale
« Ma première collabo avec le Festival remonte à 2012 avec la création d’un jardin sur la place De La Dauversière. Six ans plus tard, je réalisais à Métis La ligne de 100 ans, un jardin invitant à dédramatiser l’effet des changements climatiques par le biais d’une démarche axée sur l’enfance et le plaisir.
Créer dans le plaisir, c’est le lien que je partage avec ce festival qui, en plus de diversifier ma pratique, m’a ouvert à tant d’opportunités comme, entre autres, participer à l’édition 2022 de Où tu vas quand tu dors en marchant ? à Québec et, bientôt, à l’édition 2024 de Concentrico, leFestival international d’architecture et de design de Logroño en Espagne. Au-delà du tremplin,Métis reste pour moi la Mecque de l’installation paysagère. »
Source: Les Jardins d'Albert
Albert Mondor, horticulteur/biologiste
« Métis est un incontournable. J’y fais un pèlerinage régulier tant pour les Jardins que pour le Festival. Partout, je m’y sens bien et totalement chez moi, et ce, malgré les propositions parfois audacieuses qui, à la fois, déstabilisent et font réfléchir.
Le Festival nous ouvre à de nouveaux apprentissages contemporains. Je suis toujours profondément inspiré par ce que j’y vois et ce que j’apprends, que ce soit sur le plan du design, du choix des plantes – il y a même des végétaux que je ne connaissais pas – et de l’intégration des aménagements dans l’environnement. On a toujours l’impression d’y vivre un moment privilégié. Merci pour ces 25 ans et bravo aux concepteurs de continuer à nous bouleverser et à nous faire rêver. »
Christine Beaulieu, autrice et comédienne
Photo : Julie Artacho
« En 2021, j’ai été invitée à une carte blanche aux Jardins de Métis par l’architecte Pierre Thibault. C’est ici que la pièce Les saumons de la Mitis a pris naissance, témoignant d’un écosystème aussi beau que fragile. À l’image du saumon, l’humain subit aussi des transformations. Considérant les défis liés à l’environnement, le thème Écologie des possibles a donc chez moi une forte résonance.
Pour moi, la nature et l’homme ne font qu’un. Nous sommes cependant la seule espèce capable d’agir concrètement sur le bien-être des autres espèces. Si nous n’intervenons pas, on manque à notre rôle envers la planète. Le Festival a ce potentiel de créer un écosystème où l’art et la nature interagissent en symbiose pour élever les consciences. »
Julie St-Arnault, architecte paysagiste – vlan paysages
Photo : Two humans
« L’aménagement d’une partie du site des Jardins et celui du Festival sont en fait le premier projet de notre firme, celui qui l’a vu naître il y a 25 ans. C’était à la suite d’un concours international, en 1999. Notre collaboration ne s’est jamais arrêtée depuis. En paysage, la durée est non négligeable, car notre médium évolue et prend justement sa pleine valeur avec le temps.
Du Festival, je retiens une grande ouverture et un intérêt réel pour le travail des créateurs. Cette relation à long terme permet de développer une profondeur et d’installer une confiance unique. On a, de notre côté, la chance de voir mûrir délicatement nos interventions et d’établir un dialogue en continu avec des gens qui connaissent et respectent profondément le territoire. »