Matali Crasset – Marier enjeux du présent et richesse du passé Matali Crasset Atelier

Originaire de Châlons-en-Champagne, Matali Crasset est une designer française qui a étudié à l’École nationale supérieure de création industrielle à Paris. Son travail est indissociable du vivant et de la forêt. Elle est aussi très attachée au patrimoine artistique français et s’en inspire pour ses créations contemporaines de design.

Dans un décor typique de l’Est parisien, au fond d’une cour autour de laquelle des bâtiments industriels et artisanaux ont été réhabilités, se niche l’atelier de la designer de Matali Crasset. Le lieu me rappelle les ateliers recyclés d’immeubles industriels similaires à Paris, New York ou Londres sur lesquels portait mon mémoire en aménagement du territoire au milieu des années 1980. Je les comparais alors avec ceux de la Dominion Corset de Québec sur le point de prendre, eux aussi, le tournant du recyclage. C’est dans cet atelier studieux et inspirant enveloppé de grandes plantes que la designer Crasset fait émerger ses concepts puisant dans la contemporanéité, l’écologie et le patrimoine.

Des refuges parmi les arbres

Dans les sentiers de Vent des Forêts, Matali Crasset a conçu trois maisons où les randonneurs peuvent dormir ou se reposer.  « On y trouve des objets significatifs du territoire qui servent de mobilier, nous explique la designer. Par exemple, les couvertures sont fabriquées par sœur Laure, une religieuse de la région. Mon travail se situe entre l’art et le social, avec une envie de donner de la liberté.  De la liberté à quoi ? »

Protéger le vivant et l’exprimer

Outre la praticité, la designer cherche à illustrer dans ses montages l’importance de préserver le vivant. Ainsi, ses maisons sylvestres portent des noms évocateurs, « La Noisette », « Le Nichoir » et « La Chrysalide », qui rappellent des composantes de la forêt.

Maison sylvestre « La Noisette », première des trois maisons conçues par Matali Crasset, installée sur un des parcours de randonnée dans la forêt de la Meuse. Chaque maison favorise le lien entre l’intérieur et l’extérieur et est enrichie d’une terrasse, d’un foyer, d’une balancelle.
Seconde maison sylvestre  « Le Nichoir », invite à un rapport à la nature en se fondant dans l’environnement sans s’imposer comme bâtiment pour l’humain.
Troisième maison sylvestre, « La Chrysalide ». Selon Matali Crasset, les randonneurs sont des habitants éphémères de l’espace naturel. Photos : Matali Crasset Atelier

« Parfois nos actions sont incomprises, déplore Matali Crasset. Par exemple, nous avons déposé un arbre mort près de l’une des trois maisons et l’Office national des forêts nous a demandé de l’enlever. Or, cet arbre fait partie de la forêt et contribue à la régénérer », précise-t-elle, se référant au livre Raviver les braises du vivant de Baptiste Morizot pour insister sur la situation d’urgence à laquelle l’environnement naturel est confronté.

Maisons minimalistes, objets raffinés

Matali Crasset a créé des vases en céramique inspirés de ceux que l’on retrouve au Musée national de céramique de Sèvres. La forme du vase de Blois créé en 2008 par une céramiste japonaise a notamment servi de base à l’une de ses réalisations. « Je suis allée voir dans les archives du Musée et j’ai simplement utilisé des vases que j’aimais pour les habiller à ma façon. Nous avons beaucoup de chance d’avoir accès en France à ce riche patrimoine artistique. »

En 1999, Matali Crasset a créé la corbeille à papier Artican. Celle-ci a été acquise en 2011 par le Musée  des beaux-arts de Montréal dans la collection Arts décoratifs et design. Photo : Julien Jouanjus
Ce vase rouge et or créé par Matali Crasset, « habillé » d’une cape blanche a été présenté à la Galerie de Sèvres à Paris en 2020. Il tire son inspiration du vase de Blois bleu. Cette forme de vase prend son origine à la manufacture de Sèvres. On l’attribue sans doute à Léonard Gébleux, décorateur, chef des ateliers de décoration, formes et décors à Sèvres entre 1883-1929. La manufacture de Sèvres fut fondée en 1756. Photos : Matali Crasset

Ayant travaillé avec Philippe Starck, à la sortie de l’École nationale supérieure de création industrielle à Paris, Matali raconte qu’elle a appris à créer sans hésiter. « On critique beaucoup Philippe Starck pour sa vision mercantile du design. Cependant, il est sans doute le seul designer français qui a ouvert des portes à d’autres designers français. Notre frilosité légendaire à marier art et argent est à l’opposé du côté confiant et affranchi de nombreux designers italiens, par exemple. Et pourtant, nous avons aussi de grandes opportunités de créations. » 


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