Paysages sonores : les notes gaspésiennes La mer est un son caractéristique de la Gaspésie. Vagues à Pointe-Saint-Pierre, vers 1935. – Source : Musée de la Gaspésie. Fonds Famille Agnesi, de Douglastown. P306/3/1/4

FORMES renouvelle sa collaboration avec le Magazine Gaspésie. Nous proposons dans nos pages… une écoute ! La publication gaspésienne explorera l’environnement sonore gaspésien dans sa parution d’automne.

Naturels, mélodiques ou encore bruyants, les sons dans toute leur variété seront au cœur de ce numéro. Il sera question, entre autres, de leur signification ou de leur symbolique ainsi que de l’instrument ou de l’objet qui l’émet. 

Pensons à la diversité des cloches, à leur histoire et à leurs usages. Les sons sont aussi liés au transport : klaxons de voiture, sifflements de train, cornes de brume… sans oublier le danger qu’ils préviennent comme les alarmes d’incendie ou la sirène utilisée durant la Deuxième Guerre mondiale. Tocsins, sifflets, carillons et autres se révéleront sous un autre jour.

L’exploitation forestière est depuis longtemps d’une grande importance en Gaspésie. Le bruit des moulins à scie résonne dans de nombreuses localités. Scierie Nadeau à Port-Daniel, vers 1900. – Source : Musée de la Gaspésie. Collection Marcel Lamoureux. P77/83/16/150/169

 

Le concept d’environnement sonore tel que développé par le compositeur canadien Raymond Murray Schafer dans sa vaste recherche intitulée World Soundscape Project affirme que la somme des sons qui nous entourent est le reflet du milieu dans lequel nous nous trouvons et des activités qui s’y déroulent. Le paysage sonore est ainsi propre à chaque région, chaque localité, et se transforme au fil des décennies. Doux, assourdissants, naturels, industriels… la variété de sons est infinie.

Clocher du manoir Saint-Augustin, à Gaspé, vers 1980-1990. – Photo : Ladislas Pordan, Source : Musée de la Gaspésie. P268 Fonds Ladislas Pordan

 

Sonorités maritimes

De tous les temps, un des sons spontanément associés à la Gaspésie est celui de la mer. Il s’agirait en fait du tout premier bruit. Avec lui vient le roulement des vagues, le ressac des marées, mais aussi le souffle du vent et le chant des baleines et des oiseaux marins… Lorsque la brume se lève et que la navigation à vue devient impossible, différents signaux émanant de puissantes cornes de brume se mêlent à ces sons naturels. Vaisseaux et phares en sont dotés afin de guider les marins et les pêcheurs.

Transmission d’un message

De nombreux bruits constituent des signaux qui renferment une information. D’abord, ceux liés au transport, que ce soit pour signaler sa présence ou prévenir une collision : carillons sur les charrettes, grelots sur les chevaux, sifflements de train, sonnettes de vélo ou klaxons automobiles.

Une grelotière, couronne de grelots, est installée sur les chevaux pour rythmer leur pas et prévenir de leur arrivée. Promenade en traîneau, vers 1925-1930. – Source : Musée de la Gaspésie. Collection Marcel Lamoureux. P77/83/16/139/109

 

S’ensuivent les alarmes qui avertissent d’un danger. À la papeterie Gaspésia, un sifflet à vapeur est longtemps l’instrument qui permet de donner l’alerte en cas de feu. Un autre exemple est l’alarme qui retentit avant chaque explosion lors de l’exploitation de la mine à Murdochville.

Sifflet à vapeur servant d’alarme d’incendie à l’usine Gaspésia, à Chandler. – Source : Musée de la Gaspésie

 

Enfin, une alerte particulièrement unique est celle utilisée durant la Deuxième Guerre mondiale à Gaspé. La sirène d’incendie sert alors également pour indiquer le début du couvre-feu.

À chaque cloche son usage

Les cloches méritent une place de choix vu leur diversité et leur importance. Leurs histoires et leurs symboliques sont aussi significatives. Les cloches d’église, bien sûr, de leur tintement joyeux pour un mariage au glas qui annonce un décès. Puis, les cloches de navire qui sont utilisées pour marquer le départ du port ou son arrivée, pour annoncer le changement de tour de garde, pour signaler la présence de terre, etc.

Les animaux sont souvent dotés de sonnailles, ce qui permet de localiser le troupeau et de repérer les bêtes perdues. Cloche à vache. – Source : Musée de la Gaspésie

 

Sans oublier les cloches d’usine, d’école, de couvent et même à vache. La plupart d’entre elles servent à rythmer le quotidien, de l’angélus à l’annonce de la récréation ou du début du quart de travail.

Du murmure au vacarme

Le grondement des rivières au printemps, le « call » de l’orignal en période de chasse, le silence enveloppant de la neige, le choc sourd des billes de bois dans les scieries, le battement militaire du tambour pour rassembler les troupes, les coups de canon glaçants ou l’euphorie du Tintamarre acadien ne sont qu’une parcelle des sons qui marquent le temps.

La chasse constitue une longue tradition en Gaspésie et des appeaux sont souvent utilisés pour « caller » l’orignal. Partie de chasse entre amis, 1947. Source : Musée de la Gaspésie. Fonds Famille Agnesi, de Douglastown. P306/3/1/4

 

Il y a aussi tous ces bruits d’ambiance que nous ne remarquons plus, de la rumeur lointaine de la radio au sifflement de la bouilloire en passant par le crépitement du feu. Ces sons qui s’inscrivent dans le quotidien déterminent l’époque dans laquelle nous évoluons et évoqueront plus tard des souvenirs. Et les rares moments où ces bruits se taisent et où le silence s’installe. Toutes ces notes actuelles ou disparues constituent les empreintes sonores de la Gaspésie.

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